Ascalon fut son ami, son amant, l'unique homme qu'elle eu jamais aimé aussi fort. Aux yeux d'autrui, tous deux étaient faits pour être ensemble, deux âmes-sœurs qui se trouvèrent très tôt et qui songèrent naturellement à officialiser leur amour. C'aurait certainement été le cas s'il n'avait pas disparu, déménagé sans un mot et laissé seule sans la moindre explication, le cœur brisé.
Trois ans plus tard, Arkhane veille à ne plus penser à lui, toujours porté disparu à la Rocheuse. L'idée qu'il ai pu trouver refuge à Agrildheim ne l'a pas traversée un instant, s'il advenait toutefois qu'elle le retrouve, par hasard, il serait certain que le brun passerait un très mauvais quart d'heure.

Belagdan est le frère cadet de Arkhane. Plus jeune de deux années, il est bien plus grand qu'elle, et bien plus intimidant. Forgé par son travail dans les hauteurs de la Retraite, où il officie en tant qu'éleveur de rhinocéros laineux, il se présente comme un solide garçon à l'allure presque austère, une qualité qu'il tient de son père. Il est pourtant loin de l'être, car si l'on oublie son penchant certain pour la bouteille, il se montre être un jeune homme agréable à vivre.
De perdre sa mère a cependant laissé de profondes cicatrices, lui qui depuis toujours tient les plus riches en haute mésestime n'a fait qu'alimenter cette haine qui le pousse à céder à la violence dès lors qu'il a un peu d'alcool dans le sang.

Aucun ne pourrait le nier, Dyone était dotée de bon nombre de qualités. C'était une femme admirable, d'une gentillesse inégalée, sage et taquine, elle aimait ses enfants plus qu'elle même et ne supportait pas de laisser quiconque dans le besoin. Si Voden l'avait écoutée, l'auberge serait devenue un refuge pour les plus démunis, et non pas un établissement presque réputé, car elle avait tendance à faire des prix à chaque haarvarn qui semblait en difficultés.
Son décès ébranla toute la famille. Son meurtre n'eu rien de justifié, il ne fut que le fruit d'une ségrégation inique, d'une grippe sans fondement, d'un besoin de faire le mal. Il demeura impuni, car causé par l'un des plus hauts de ce monde, et il laissa dans le coeur de ses deux enfants une rage virulente, une haine viscérale ainsi qu'un dégoût irrémédiable pour la classe hypocritement puritaine de ce monde partial.

Un noble, encore un. Pourquoi l'apprécierait-elle ? Il connaissait Ascalon, et alors ? Il n'est rien de plus qu'un petit fils de riche, fils de religieux, petit-fils d'un monstre. Il n'est pas correct de juger sur la famille, elle le sait, mais le juger sur ses actes ne serait pas bien mieux. Après tout, il pourrait bien détruire le commerce que son père a mis tant de temps à monter à négocier et vendre là, au milieu des clients.